Perspective(s)

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Perspective sPerspective(s) - Laurent Binet

Roman policier

2023

Perspective(s) peut séduire ou rebuter par sa conception originale. En effet, dans cet ouvrage, 176 missives se succèdent et constituent un tout assez complet sur la Florence du XVIème siècle. Ces 176 lettres, en préface, Laurent Binet veut nous faire croire qu’il y a quelques années elles ont été achetées par un homme dans une boutique ; il les aurait ensuite traduites puis aurait constitué un classement par date. Ainsi cette série épistolaire permet de suivre non seulement le fonds de l’affaire dont l’ouvrage traite en ligne rouge, mais aussi des différents points de vue, sentiments, revendications, doutes et questionnements de tous les personnages qui forment une galerie de portraits assez hétéroclites : il y a des artisans, des peintres, les Médicis, des nonnes, Michel-Ange lui-même...

Le point de départ de l’histoire est le meurtre en 1557 de Pontormo, un peintre reconnu et acariâtre qui devait créer pour son maître, le Duc Cosimo de Médicis, qui règne sur Florence, une fresque qu’il ne souhaitait révéler à tous qu’une fois terminée et sensée être le pendant florentin de la Chapelle Sixtine de Michel Ange à Rome. Or, suite à la mort du peintre, non seulement, la fresque dévoilée à certains yeux se révèle correspondre bien peu aux goûts pudibonds de l’époque mais en plus, est découvert dans les ateliers dudit peintre la toile d’une Vénus dénudée, aux poses lascives et suggestives, copie d’un original peint par Michel-Ange mais avec toutefois une nuance. En lieu et place du visage de Vénus, se trouve celui de la fille aînée du Duc, la princesse Maria de Médicis.

C’est un autre peintre mais aussi écrivain Giorgio Vasari, qui est choisi par le Duc pour enquêter non seulement sur la mort de Pontormo, mais aussi sur le tableau de la Vénus, son origine, son lien avec le meurtre. De multiples perspectives, de multiples témoins de cette époque se livrent alors à nous, nous permettant de découvrir cette Florence du XVIème siècle sous différents aspects : politique, culturel, social et sociétal.  

Perspective(s) c’est donc un roman qui porte bien son nom, c’est un polar épistolaire mais c’est aussi une histoire romanesque, un tissu d’intrigues de toutes sortes, une lumière mise sur l’art pictural, sa place et son évolution au fur et à mesure des avancées ou récessions politiques, culturelles et cultuelles. C’est surtout un roman d’aventures très bien écrit et plutôt rythmé.

J’ai personnellement beaucoup aimé le lire, passer ainsi d’un personnage à un autre, d’une situation à une autre, du romanesque à l’intrigue sociale, de la place de l’art aux plans machiavéliques fomentés par Catherine de Médicis qui compte bien replacer Florence sous le joug français, tout cela donne un roman foisonnant, très agréable à lire.

A noter, en tout début d’ouvrage, un plan de Florence, une carte de l’Italie morcelée du XVIème siècle, ainsi qu’une liste des principaux personnages auxquels se référer d’ailleurs bien nécessaires pour s’y retrouver, notamment en début de lecture.

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Auteur(s) Binet, Laurent (1972-...)

Titre(s) Perspective(s) [Texte imprimé] / Laurent Binet.

Editeur(s) Grasset , 2023.

Résumé Florence, 1557. Le peintre Pontormo est retrouvé assassiné au pied des fresques auxquelles il travaillait depuis onze ans. Un tableau a été maquillé. Un crime de lèse-majesté a été commis. Vasari, l'homme à tout faire du duc de Florence, est chargé de l'enquête. Pour l'assister à distance, il se tourne vers le vieux Michel-Ange exilé à Rome. La situation exige discrétion, loyauté, sensibilité artistique et sens politique. L'Europe est une poudrière. Cosimo de Médicis doit faire face aux convoitises de sa cousine Catherine, reine de France, alliée à son vieil ennemi, le républicain Piero Strozzi. Les couvents de la ville pullulent de nostalgiques de Savonarole tandis qu'à Rome, le pape condamne les nudités de le chapelle Sixtine. Perspective(s) est un polar historique épistolaire. Du broyeur de couleurs à la reine de France en passant par les meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, chacun des correspondants joue sa carte. Tout le monde est suspect.

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