Les filles de l'ouragan par Joyce Maynard

Un véritable coup de cœur, une formidable saga familiale comme on les aime ! A lire absolument !

Elles sont nées le même jour, au cœur du New Hampshire, dans un pays où la pauvreté est de rigueur. Dana et Ruth, ont été conçues un jour d'ouragan. Un rituel s’instaure, artificiel, tous les ans à la récolte des fraises, les familles se rencontrent sous prétexte d'une gémellité que les fillettes rejettent. Elles ne veulent pas être amies car tout les sépare, tout les oppose.

La famille de Dana est disloquée : un père inexistant et une mère artiste au physique magnifique, un frère tourmenté. Ils mènent une vie errante et instable. Dana est la seule à être réaliste, stable, à l'esprit scientifique, une vraie terrienne en harmonie constante avec la terre. Mais au physique ingrat.

La famille de Ruth exploite une ferme. Elle a de nombreuses sœurs mais se sent différente. Une grande complicité la lie à son père qui lui voue un amour exclusif et une admiration sans limite. Ruth est rêveuse et solitaire, elle souffre de la distance affective de sa mère.

Le récit alterne les voix de Dana et Ruth. Leurs vies qui vont se croiser, de l'enfance à l'âge adulte, entre amours, naissances et deuils. Des liens se renforcent et deviennent étouffants. Tout le roman est troublant car le lecteur perçoit un secret pesant. Roman qu'on ne quitte pas, grâce à sa construction, à la narration, au ton juste et précis et tellement sensible. On passe de l'humour à l'émotion, on en sort bouleversé, avec l'envie de relire le premier chapitre ! Allez savoir pourquoi ? On s'attache à tous les personnages et à l'histoire de ces familles. La description de la vie rurale au quotidien nous entraîne au rythme des saisons et soudain on imagine être dans cette serre à cueillir la première fraise.

Joyce Maynard a l'art de la pirouette face à la cruauté que réserve la vie à ses protagonistes et ce destin déjà écrit par les familles. Elle aborde de nombreux thèmes essentiels sans s'appesantir. Aux lecteurs de faire le chemin, même si le fil de l'histoire est quelquefois cousu de fil blanc, pour notre plus grand bonheur !