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Vous avez aimé : "Le tueur se meurt"

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james sallisLe tueur se meurt de James Sallis

Roman noir aux Editions Rivages

 

 

 

1) L’auteur :

 

James SALLIS est un romancier américain né en 1944 qui vit actuellement à Phoenix, en Arizona, état du sud-ouest des Etats -Unis. Très éclectique, il commence par écrire de la poésie. Grand amateur de littérature française (Boris Vian, entre autres) il a traduit divers auteurs comme Raymond Queneau, Pablo Neruda. C’est aussi le biographe de Chester Himes, auteur de romans policiers. Il est aussi guitariste et spécialiste de musique sud-américaine et de jazz. Il anime un orchestre de musique country. Son œuvre littéraire comporte plus d’une dizaine de romans policiers, certains constituant une série – « Le chauffeur », « John Turner » et d’autres, « indépendants », dont fait partie ce roman.

Certains articles le concernant mentionnent les longues périodes de solitude et de dépression qu’il a traversées.

 

2) L’intrigue et son cadre :

 

Le cadre : la ville de Phoenix, dans l’Arizona, où vit actuellement l’auteur. Ville de plus de trois millions d’habitants, située dans une oasis entourée par le désert. L’époque, actuelle, très certainement, même si rien ne le dit. Tout au moins une époque récente puisque les personnages utilisent Internet.

 

Trois personnages principaux :

  • Le personnage du tueur, dénommé « Chrétien ». Nom d'emprunt, dont on pourra comprendre la signification. C'est un tueur à gages, la soixantaine, très malade. On ne lui connaît que cette activité. Il vient à Phoenix pour assurer un dernier « contrat ».
  • Jim, ou Jimmie, petit garçon de dix ans, qui vit seul dans la maison que ses parents ont désertée depuis plus d'un an.
  • Sayles, policier, qui enquête sur l'agression dont est victime la cible du tueur. Sa femme Josie est gravement malade.

D’autres personnages, comme Madame Flores et son ami Félix qui aident Jimmie. Graves, le policier, collègue de Sayles…….

 

3) Le thème principal :

 

Un roman policier qui ne répond pas aux codes du polar classique (qui n’en est pas un ?): il y a dans ce roman, comme dans tous les romans policiers, un forfait, une tentative de meurtre portée sur un homme, qui n’en mourra pas. C’est le contrat que devait assurer Chrétien et qu’un autre, dont il ignore tout, va exécuter. Ce qui manque dans la suite du roman, pour en faire un véritable polar, c’est la résolution de l’énigme : quelles sont les raisons de ce contrat, comment la vérité va-t-elle éclater ? L’auteur ne répond pas, ce n’est pas sa préoccupation. En fait, il va décrire, au travers de cette histoire, la vie, ou plutôt la survie, de ses trois héros. A ce propos, on peut s’étonner du prix du roman policier 2013 donné à ce roman qui pourrait pâtir de se voir cantonné à une catégorie réductrice de livres et décourager certains lecteurs.

 

Un roman de la survie : l’auteur utilise cette histoire pour décrire le mal être de ses trois personnages face à une vie qu’ils n’ont pas choisie, pour décrire comment ses trois personnages survivent.

Comment Chrétien qui, toute sa vie a exécuté des contrats, avec des ordres précis qu’il a toujours suivis et qui se sont toujours déroulés comme prévus, doit faire face à un imprévu : le fait qu’un autre assure le contrat à sa place. Les nombreux actes qu’il va engager pour faire face (et qui sont contraires à sa ligne de conduite habituelle) sont vains. Est aussi décrit le combat de Chrétien contre la maladie qui perturbe son « travail ».

Comment Jimmie, qui a vite compris qu’il allait devoir vivre sans ses parents, s’organise pour cacher sa solitude (pour ne pas se retrouver placé dans un lieu d’accueil), pour gagner sa vie (il vend divers objets) pour ,malgré tout, essayer d’avoir une vie sociale. On découvre à divers endroits du roman que ce combat est de plus en plus difficile.

Comment Sayles qui a intégré par hasard la police a très vite compris que son métier ne fera pas de lui un héros, même s’il le fait honnêtement. Il doit gérer sa vie professionnelle, et la grave maladie de sa femme Josie.

La façon très réaliste et pessimiste dont sont décrits ces combats - et on comprend vite qu’ils seront perdus- place le thème de la vie des hommes, de leur survie au centre du roman. C’est un roman noir, mélancolique, dépressif.

 

4) Les thèmes annexes :

 

Toute l’histoire est construite autour de thèmes annexes :

 

Les rêves : pratiquement chaque chapitre du livre, qui en comporte quarante, se rapporte à un des trois personnages . Ces chapitres comportent, entre autres, la narration des rêves de ces personnages, rêves compliqués, où l’on retrouve d’ailleurs des fragments de la vie réelle d’autres personnages. Ces rêves prennent de plus en plus de place dans l’histoire.

 

Les échanges par Internet : les trois personnages utilisent internet à des fins pratiques : Chrétien pour correspondre avec ses « employeurs », Jimmie pour vendre, Sayles pour les besoins de l’enquête. Internet est le lieu où ils vont se rencontrer par hasard. En plus, au cours de leurs visites sur la toile , ils ont accès à des blogs, dont celui de « la visiteuse », et sont confrontés à de nombreux messages ésotériques ou non, à dimension philosophique.

 

L’hôpital et la maladie : que l’on retrouve à divers moments du roman, pour l’hospitalisation de la victime du contrat, pour celle de Josie la femme du policier, pour celle de Chrétien suite à l’aggravation de sa maladie…. Ambiance très bien rendue

 

5) La construction du roman :

 

L’auteur utilise des chapitres assez courts, qui sont souvent consacrés à un seul des trois protagonistes. Parfois on met du temps à découvrir lequel des trois personnages est concerné par le chapitre. Cela n’est pas gênant pour suivre le fil de l’histoire. Le style est parfois solennel, souvent d’ailleurs lorsque sont décrits les rêves. Est-ce voulu ?

 

En conclusion :

 

Un roman noir, réaliste, dans lequel, en cherchant bien, on peut malgré tout trouver un peu d’espoir (notamment à la fin).

Un roman prenant, qui, à mon avis, mérite une seconde lecture, pour en prendre toute la mesure.

 

 

« Pendant si longtemps, le temps n’avait eu pour lui aucune signification, un jour était comme les autres, les années à peine plus qu’un chaos de saisons qui passent. Maintenant le temps se solidifiait autour de lui. »

 

« … Mlle Fornby, qui passait entre les rangs, qui regardait ce qu’ils faisaient. Pas uniquement le modèle, disait-elle. Regardez ce qu’il y a autour du modèle. Ce qu’il y a entre elle et la chaise. Ce qui est au-dessus d’elle, au-dessous d’elle. Le silence qui entoure. Dessinez ça. 
À cette époque, il ne comprenait pas trop ce dont elle parlait. Maintenant il se demande si ce n’est pas uniquement dans l’entourage -ce qui se trouve autour de nous, le silence, l’air chargé, les lieux, les autres gens, le soleil d’un jour nouveau- que nous existons.
La télévision est allumée derrière lui, le son baissé. Une émission sur les impressionnistes, et il se rend compte que c’est ça qui lui a rappelé Mlle Fornby. »

 

« Les gens nous quittent, pensa-t-il, ils nous quittent, ils disparaissent. La famille, la jeunesse, les endroits où on a vécu, ce qui a été important pour nous. Toutes nos vies sont une histoire de séparation. »

 

Pierre 

 

Livres

Auteur(s) Sallis, James (1944-...) (Auteur) ; Mercier, Christophe (1959-...) (Traducteur) ; Guyon, Jeanne (1961-...) (Traducteur)

Titre(s) [Le ]tueur se meurt [Texte imprimé] / James Sallis ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier et Jeanne Guyon.

Editeur(s)Paris : Ed. Payot & Rivages , impr. 2013 (14-Condé-sur-Noireau : Corlet impr.).

Collection(s)( Rivages-thriller ).

Traduit de : [The ]killer is dying .

Indice(s) 803

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